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La formation continue pour les spĂ©cialistes du langage du droit au Canada : vers une bonification de l’offre Ă  l’UniversitĂ© şÚÁĎÍř

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Au-delĂ  des Ă©tudes secondaires et collĂ©giales, le continuum de la formation pour les professionnels et professionnelles de la langue comporte principalement deux pans : la formation universitaire et la formation continue. Si quelques options de formation universitaire s’offrent Ă  ceux et Ă  celles qui souhaitent se spĂ©cialiser dans le langage du droit (comme le programme d’études supĂ©rieures en traduction juridique), les options de formation continue sont beaucoup plus rares. Nous vous proposons ici un tour d’horizon de l’offre et la prĂ©sentation d’un projet pilote menĂ© par l’École d’éducation permanente de l’UniversitĂ© şÚÁĎÍř pour remĂ©dier Ă  cette raretĂ©.

Quelle est l’offre de formation continue actuelle?

Selon un recensement effectué en juillet 2024 par l’équipe menée par Marie-Hélène Girard, professeure adjointe et coordonnatrice à l’enseignement du diplôme d’études supérieures en traduction juridique, une bonne vingtaine de formations continues axées sur la langue du droit étaient proposées pour la période allant de juin 2023 à juin 2025 au Canada, notamment par les ordres professionnels. Bien que l’offre puisse sembler satisfaisante, du moins en quantité, une analyse plus approfondie indique qu’elle est insuffisante quant à la diversité des thèmes abordés. Par ailleurs, cette offre s’avère incomplète, puisqu’elle se limite essentiellement à des formations introductives et généralistes.

Que pensent les principaux intéressés de ces formations continues? Leur constat semble le même. En effet, dans un récent sondage mené auprès de jurilangagiers et jurilangagières de partout au Canada (Girard, 2023), bon nombre de personnes ont désigné la formation continue comme le principal enjeu lié à leur travail. Les personnes sondées mentionnent entre autres l’incomplétude de l’offre (particulièrement en ce qui a trait aux langues non officielles et à l’interprétation), l’absence de formations avancées et spécialisées de même qu’un décalage entre l’offre et les besoins.

La conclusion est donc sans équivoque : l’offre de formation continue ne répond pas de manière satisfaisante aux besoins des jurilangagiers et jurilangagières au Canada.

Besoins de formation des professionnels et professionnelles du langage du droit

Afin de cerner les besoins et les attentes en matière de formation continue des personnes qui exercent des activitĂ©s langagières dans le domaine du droit au Canada et d’y rĂ©pondre de manière ciblĂ©e, notre Ă©quipe de recherche a lancĂ© une nouvelle Ă©tude. Cette Ă©tude, Ă  l’instar de la sĂ©rie d’ateliers de formation continue axĂ©s sur la langue du droit qui sont actuellement offerts Ă  l’École d’éducation permanente de l’UniversitĂ© şÚÁĎÍř, a bĂ©nĂ©ficiĂ© du soutien financier du Fonds d’appui Ă  l’accès Ă  la justice dans les deux langues officielles de Justice Canada.

Nous avons d’abord posé quelques questions aux participantes et aux participants afin de dresser leur profil démographique et professionnel. Nous leur avons ensuite présenté une série de questions dont l’objectif était de mieux comprendre leurs besoins, leurs préférences et leurs attentes en matière de formation continue. Au total, 125 réponses complètes ont été reçues puis analysées.

Fait à noter, la grande majorité des personnes ayant répondu au sondage (71,2 %) habitent au Québec. Sans surprise, donc, les répondants ont déclaré avoir le français comme langue dominante dans une proportion similaire (69,6 %). De même, dans le cadre de leurs activités professionnelles bilingues (par exemple, la traduction et la corédaction), les personnes interrogées, toujours dans une proportion semblable (73 %), disent travailler de l’anglais vers le français.

En ce qui concerne les études, seul le quart (25,6 %) des jurilangagiers et des jurilangagières possèdent une double formation en langue et en droit. Autrement dit, dans la vaste majorité des cas, ces personnes n’ont pas été pleinement préparées par leurs études universitaires à la pratique d’activités jurilangagières, d’où l’intérêt de leur proposer une offre de formation continue dans une optique de développement professionnel, notamment pour les personnes de la relève. Au point de vue du travail, les principales fonctions rapportées sont la traduction (84,0 %) et la révision (62,4 %). Dans une moindre mesure, on relève également la postédition, la rédaction, la vulgarisation juridique et l’interprétation. Quant aux domaines juridiques de spécialisation, le droit administratif et constitutionnel arrive en tête (48,8 %), suivi de près par le droit de l’immigration (45,6 %) et par le droit criminel (40,8 %).

Au chapitre de l’historique de formation continue, plus de 80 % des personnes ayant répondu au sondage affirment avoir participé à de telles activités au cours des trois dernières années. Cette donnée est fort encourageante, en ce qu’elle témoigne d’un intérêt indéniable de ces personnes envers la formation continue. Quant aux personnes qui disent ne pas avoir pris part à des activités de formation continue pendant la même période, elles invoquent le coût des formations, le manque de renseignements au sujet des formations ainsi que l’absence de formations convenant à leurs besoins. En somme, il apparaît nécessaire de développer une offre de formation continue à prix abordable et répondant aux attentes du public cible.

Pour ce qui est des sujets qui intéressent les spécialistes du langage du droit, la traduction est de loin le domaine le plus populaire parmi les choix proposés, suivi dans l’ordre par la révision et par la vulgarisation juridique. Cela dit, lorsqu’on demande aux personnes d’étoffer leur réponse librement, loin devant les technologies langagières, la terminologie, l’interprétation judiciaire et la postédition, c’est le vaste domaine du droit qui arrive en tête. Plus précisément, on réclame tantôt des introductions à des sujets variés (par exemple, les différences entre le droit civil et la common law, les concepts juridiques des nouvelles lois au Québec et au Canada), tantôt des formations poussées sur des thèmes précis (par exemple, les recours collectifs, les principes du droit autochtone, le droit criminel et pénal, le droit de l’immigration, le droit de la personne, le droit de la famille).

Enfin, sur le plan des préférences relatives aux modalités de formation, les activités en ligne (par exemple, atelier, conférence, colloque) représentent la formule la plus sollicitée, suivie par l’apprentissage autonome, ce qui revient à dire que les activités en présentiel n’ont pas tellement la cote. En ce qui a trait aux saisons propices à la formation continue, l’automne et l’hiver arrivent loin en tête et, concernant les périodes de la journée et de la semaine, l’avant-midi et l’après-midi devancent considérablement les soirs et les fins de semaine.

Plus d’occasions spécialisées de formation continue

À la lumière de ces données, quelques grands constats se profilent. Du point de vue langagier, c’est la traduction, essentiellement de l’anglais au français, qui se démarque nettement des autres pratiques au Canada. Du point de vue juridique, les jurilangagiers et jurilangagières ont soif de formations de niveau tant « expert » que « débutant ». Cependant, dans le cas de formations plus élémentaires, celles-ci doivent, en contrepartie, être suffisamment pointues.

Bref, il ressort de cette analyse qu’il s’avère pertinent de développer une offre de formation continue en ligne faisant la part belle à la traduction juridique anglais-français et abordant une série de thèmes juridiques ciblés, en particulier les spécificités canadiennes du droit. Cela étant dit, il importe également de tenir compte des besoins qui ont été exprimés à l’égard d’autres pratiques et domaines relevant des activités jurilangagières, qu’il s’agisse de vulgarisation juridique ou d’interprétation judiciaire, entre autres exemples.

De cette façon, c’est-Ă -dire en proposant une offre de formation continue taillĂ©e sur mesure pour les personnes qui exercent des activitĂ©s langagières en français et en anglais dans le domaine du droit au Canada, l’UniversitĂ© şÚÁĎÍř contribue Ă  assurer la vitalitĂ© des professions jurilangagières au pays pour les annĂ©es Ă  venir.

Inscrivez-vous dès maintenant aux ateliers de jurilinguistique de cet automne offerts par l’École d’éducation permanente de l’UniversitĂ© şÚÁĎÍř :

  1. Atelier de jurilinguistique – Mastering Context in Canada’s Legal Language Professions: The Tree and the Tuning Fork
  2. Atelier de jurilinguistique – An introduction to AI tools for translators and interpreters
  3. Atelier de jurilinguistique – Order in the Language! An Introduction to Legal and Court Interpreting
  4. Atelier de jurilinguistique – Objectif limpidité dans la traduction de textes juridiques (partie 1)
  5. Atelier de jurilinguistique – Objectif limpidité dans la traduction de textes juridiques (partie 2)
  6. Atelier de jurilinguistique – Table ronde sur l’encadrement de la relève en traduction juridique

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Girard, Marie-Hélène. (2023). Portrait des professionnels, des professions et de l’industrie du langage du droit au Canada. Meta, volume 68, numéro 2, p. 309–340.

À propos de l’auteur

Etienne Lehoux-Jobin travaille comme assistant de recherche dans l’équipe de Marie-Hélène Girard qui s’intéresse aux questions de langue et de droit au Canada et, plus particulièrement, au cas de la traduction juridique et de l’interprétation judiciaire dans les deux langues officielles. Traducteur du japonais et de l’anglais au français, il est notamment titulaire d’un doctorat en traductologie de l’Université de Montréal.


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